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SAMAYA x BRAD VALETTE

L’INATTEIGNABLE BARRE DES ECRINS

 

 
Brad Valette et Salomé Auberger, compagnons de cordée, se sont lancés à l’assaut de la barre des Écrins, plus haut sommet du Massif des Écrins, culminant à 4100 mètres d’altitude. En cette période d’octobre 2023, les conditions du terrain ont rendu l’ascension plus ardue que prévue. Brad nous livre les détails de leur tentative.
 
« Nous avions initialement prévu une expédition au Cervin, en Suisse. Les mauvaises conditions météorologiques nous ont poussés à changer notre programme et à nous tourner vers la barre des Écrins.
 
Notre première étape fut le refuge de Madame Karl, à partir duquel nous avons attaqué l'ascension, une fois les sacs bien préparés et paquetés.
 
Puis, nous avons réalisé 800 mètres de dénivelé, avec près de 2 heures d’approche, jusqu’à atteindre le refuge suivant. Nous avons installé notre zone de bivouac à une centaine de mètres plus haut, face au glacier.
 
Sur les conseils d’un guide rencontré sur notre chemin, nous avons décidé de ne pas emprunter l’itinéraire classique, impraticable en raison d’un éboulement survenu une semaine plus tôt. Notre trajet de repli nous a fait poser les pieds sur le glacier assez tôt et poursuivre dans un pierrier pour atteindre le refuge des Écrins et une zone de bivouac à une centaine de mètres.

 

Photo 1Photo 2
 
Le lendemain matin, nous sommes partis tôt en direction du glacier. Progressivement, nous nous sommes rendus compte que cette partie de moraine est très instable. 200 mètres devant nous, nous avons vu un rocher d'une centaine de kilos se décrocher.
 
De là où nous sommes, nous avons pu observer que le côté gauche était crevassé, le droit aussi, mais que le centre semblait accessible. Nous nous sommes encordés et avons traversé un premier large pont de neige, puis nous avons zigzagué pendant près de 2 heures pour sortir de ce champ de crevasses.
 
La partie suivante était remplie de pierres et de moulins. Nous avons décramponné, enlevé la corde, et sommes arrivés à midi à notre premier objectif.
 
En poursuivant notre avancée sur ce glacier, nous avons réalisé qu’il avait beaucoup neigé sous la barre des Écrins, masquant les crevasses. Nous avons modifié l’itinéraire pour nous diriger vers Rochefort, itinéraire qui s’est révélé lui aussi recouvert de neige. Trop dangereux. Nous avons tenté de retourner au refuge, mais l’éboulement de la semaine précédente nous a fait rater un cairn et nous nous sommes retrouvés à zigzaguer une heure de plus dans les moulins. Il était déjà 17h30. Un peu stressés, nous avons décidé de poser la tente sur le glacier.
 
Au loin, à presque 300 mètres au-dessus de nous, nous avons repéré des alpinistes. Ils nous ont informé d’un passage à cet endroit-là. Nous avons coupé par le pierrier droit devant et rejoint le chemin qui nous a permis de redescendre au refuge, après 11h30 de marche.
 
Le lendemain, nous sommes redescendus, nous avons repaqueté nos sacs et avons posé la tente le long de la rivière, près de Madame Karl.
 
Malheureusement, c’est un sommet qui nous a échappé pour cette fois. Cela peut engendrer de la frustration, mais la responsabilité et la gestion du risque prennent le dessus. Ce qui est sûr, c’est que nous y retournerons ! »

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