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SAMAYA x BRODY LEVEN

AFFRONTER LE FROID ET LES PENTES RAIDES DU TADJIKISTAN

 

 
Brody Leven et Robin Hill, skieurs professionnels, ont laissé derrière eux les Etats-Unis pour se rendre au Tadjikistan. Dans une vallée inhospitalière, Brody et Robin se sont lancés dans d’impressionnantes descentes à skis sur des pentes vertigineuses. Pour Samaya, Brody raconte.
 
« Kevin Kelly a écrit un jour : « Pour un voyage exceptionnel, dirigez-vous vers un intérêt plutôt qu'un lieu. Voyagez vers des passions plutôt que des destinations. » Le Tadjikistan est le pays le plus montagneux au monde. 93% de sa superficie est à plus de 3 000 mètres. Si cette région ne provoque rien en moi, aucune autre ne le fera. Mon ami et partenaire d’aventure de longue date Robin Hill était, comme toujours, très enthousiaste à l'idée de se joindre à moi dans ce lieu où passion et dépassement de soi s’entrelacent.
 
J'ai déjà beaucoup grimpé et skié en Asie centrale et pourtant cet endroit continue à m’attirer comme un aimant : je n'en ai jamais assez. Ce n'était que la deuxième fois au cours de ma carrière que je désirais visiter un pays avant même de trouver l'objectif à atteindre dans celui-ci. Sur place, nous avons passé plus de temps à traduire des sites cyrilliques et russes en anglais qu'à lire des informations utiles. Il était incroyablement difficile d'obtenir suffisamment d'informations qui nous aiguilleraient et nous permettraient de prendre une décision.

 

 
Finalement, nous avons décidé de gravir une montagne de 5 200 mètres nommée par les Soviétiques, le Pik Energia, à la tête de la vallée de Chapdara dans les montagnes bien fréquentées du Fann. Notre acclimatation à cette altitude a été simple. Nous avons commencé à marcher à 2 500 mètres, avons installé notre premier camp à proximité à 2 750 mètres, établi notre camp de base avancé à 3 700 mètres (le plus haut où nous avons dormi) et gravi jusqu'à au moins 4 500 mètres à trois ou quatre reprises avant d'atteindre le sommet. Les derniers 300 mètres étaient, bien sûr, difficiles. Nous avons choisi une montagne de cette envergure car, par le passé, nous avions déjà réalisé des ascensions sur des sommets à 5 000 et 6 000 mètres qui nous avaient procuré d’intenses sensations de plaisir et des émotions partagées inestimables.
 
Mes expéditions se déroulent généralement dans un style qui n'est pas décrit dans les livres ou montré à la télévision. Nous n'utilisons pas de porteurs et ne passons pas plus d'un mois sur le glacier. Nous transportons l’intégralité de notre nourriture et de notre équipement, y compris jusqu'au camp de base. C'est comme si nous voyagions en style alpin dès notre départ de la maison. Nous sommes donc extrêmement conscients de l’importance du poids et de la multifonctionnalité. Dans certains cas, nous sacrifions le poids pour la qualité, sachant que nous ne pouvions tout simplement pas nous permettre que certains équipements soient détruits. Avec les tentes Samaya, nous n'avons pas eu l'impression de devoir sacrifier l'un ou l'autre. C'était notre première fois en utilisant ces tentes, sans avoir eu l’occasion de les tester avant le départ. La Samaya2.5 était à la fois assez légère pour être transportée au camp de base avancé, tout en étant suffisamment grande pour ne pas nous donner l'impression d'être dans une « tente de route », nous permettant de dormir côte à côte avec notre équipement personnel rangé à côté de chacun de nous. À l'extérieur, le vestibule était de la taille idéale pour que l'un de nous puisse s'asseoir et cuisiner pendant les tempêtes tout en contenant nos sacs à dos de ski chargés et nos chaussures de ski. C'est pour nous l'installation de tente idéale. Je suis obsédé par l'organisation et un peu d'espace personnel supplémentaire dans une tente me permet de la maintenir. Au fond de ce cocon Samaya, j’adorais écouter le son de la neige légère qui glissait sur les parois. J’étais galvanisé par la sensation du sac de couchage chaud à l'intérieur, étant simultanément protégé et étreint par les montagnes.

 

 
Ce type d’expédition offre un temps de qualité phénoménal avec ses partenaires de cordée, qu’il est quasiment impossible de vivre autrement. Après des années d'interruption dues à la pandémie mondiale Covid-19, j'étais tellement honoré et excité de retourner vivre ses émotions dans de si majestueuses montagnes avec mon ami Robin. Nous avons non seulement ri, mais avons aussi eu des conversations difficiles qui nous ont forcés à grandir en tant qu'individus et en tant qu'amis.
 
C’est important de pouvoir entretenir des relations aussi profondes, surtout quand les choses ne se passent pas comme prévu. Peut-être que c'est en partie ce qui fait qu'une aventure est une aventure. Cette fois, une défaillance d'équipement très spécifique m'a conduit à une crise émotionnelle complète, remettant tout en question et me demandant si je repartirai un jour en expédition. Je ne pensais pas que nous serions capables de surmonter ce défi. Nous l'avons fait. Mais le coût émotionnel engendré persistera en moi.

 

 
Nous aurions aimé skier plus d'une montagne, découvrant de nouvelles possibilités au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans la vallée. Après avoir effectué une première descente sur une face gigantesque, raide et glacée, nous savions qu'il était temps de commencer à quitter les montagnes. Si mon équipement réparé avait échoué sur cette montagne, j'aurais été mort. Nous ne voulions pas tenter notre chance.
 
Mon retour à la maison m’envahit toujours de sentiments mêlés, d’émotions contraires et de grands questionnements que j'ai du mal à gérer. Je me bats avec le pourquoi. Je remets en question beaucoup de choses, tant en haute montagne qu'en bas dans la vallée. Je me demande si et quand je ferai quelque chose de similaire à nouveau. Après 17 ans de voyages similaires à celui-ci, je ne peux toujours pas articuler, même à moi-même, la raison pour laquelle je me mets en danger. La raison pour laquelle je demande à des amis de faire de même. J'ai maintenant une épouse, un chien adorable, une maison merveilleuse et pourtant je fais régulièrement mes bagages de ski et pars, en supposant - mais sans savoir avec certitude - que je reviendrai. J'ai toujours l'intention de rentrer à la maison, ne serait-ce que pour caresser mon chien et me préparer pour une autre aventure. Je ne résiste pas à l'envie de partir, je l'embrasse. »

 

 
©Photographies réalisées par Brody Leven et Robin Hill @brodyleven @chefrobinhill

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