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Il est nécessaire de retrouver nos « jardins féériques »

 

Rentrer d’une sortie en montagne, c’est revenir avec un regard neuf sur soi, les autres et le monde. C’est se reconnecter à une réalité du vivant qui nous nourrit par sa beauté : cette expérience bien concrète, de la terre que l’on foule, des rochers que l’on touche, de la neige que l’on tasse ou du vent que l’on ressent, est finalement structurante spirituellement, bien au-delà du corps. Et au-delà de l’action en montagne, l’expérience souvent contemplative d’une nuit sous la tente nous façonne, nous ressource, nous ancre, en même temps qu’elle nous guide dans la recherche et dans le choix de notre posture en tant qu’Homme.


Le fait de restreindre notre accès à l’extérieur au nom de notre santé met en relief la place finalement secondaire accordée au lien à la nature dans notre société. Ces phases de confinement qui ont longuement privé et privent encore de la nature certaines populations, au-delà de la pertinence ou non de leur efficacité, ont des répercutions que l’on ne saurait ignorer. Selon une étude Ifop parue le 9 novembre, le nombre de personnes victimes d’anxiété, de troubles du sommeil, de dépression, de tristesse et même de désespoir ne fait qu’augmenter, notamment chez les personnes n’ayant pas accès à des espaces extérieurs dans leur logement.

Ce rapport égalitaire aux éléments nous relie à notre corps, à la nature, à l’autre et à notre petitesse d’humain. 


Et que dire des questions d’égalité soulevées par l’unique kilomètre de déplacements autorisés pour tous ceux à qui ce périmètre restreint ne donnait pas accès à la nature ? Ce cas de conscience restera d’actualité pour un certain nombre d’entre nous malgré l’extension du périmètre de déplacements autorisés à vingt kilomètres. Cette différence de traitement n’est confortable ni pour ceux qui en sont privés, ni pour ceux qui en profitent arbitrairement, avec plus ou moins de culpabilité. Ces divergences, la montagne n’en a cure. Sous l’orage qui gronde, face à la prégnance du vide, au contact de la morsure du froid ou confronté à la féérie du décor, pas de nuance en termes d’âge, de richesse ou même d’expérimentation. Ce rapport égalitaire aux éléments nous relie à notre corps, à la nature, à l’autre et à notre petitesse d’humain. Il met également en perspective l’individualisme qui nous guette chacun chez nous derrière nos écrans en contraste avec la solidarité au sein de la cordée qui n’est pas une option, mais une nécessité. Même partir seul en montagne peut être un moyen de se relier à l’autre lorsqu’est tenue au retour la promesse de revenir chargé d’une vision plus profonde de tout ce qui nous entoure.

Loin de ce monde virtuel qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans le cadre de la crise sanitaire pour tenter de garder du lien social, l’accès à la nature est un droit Universel dont le qualificatif mérite d’être écrit avec une majuscule. Outre la liberté d’aller et venir garantie par la Constitution, certains avancent que l’accès à la nature peut être considéré comme une liberté fondamentale de valeur constitutionnelle en France en se référant à la charte de l’environnement. Mais au-delà de la question du droit, une certitude prévaut. Celle de l’effet bénéfique du contact du vivant et de l’activité physique auprès d’un très grand nombre de pathologies liées ou non au confinement. Là encore, les études scientifiques abondent, comme le soulignent de nombreux médecins qui se déclarent favorables à un accès raisonné à la nature.

Plus qu’un besoin, c’est une nécessité.

Chez Samaya, nous pensons qu’à la faveur d’un bivouac cette paix que l’on ressent en descendant d’un sommet est issue d’une savante alchimie qui ne saurait être résumée uniquement par les hormones générées par l’effort. Complexe, elle est aussi composée par les éclats de lumière qui nous ont traversés là-haut. Si « chaque âme est et devient ce qu’elle contemple », comme le pensait Plotin, alors espérons que très vite l’immense majorité d’entre nous pourra se (re)connecter de son plein droit à la nature et s’en imprégner. Plus qu’un besoin, c’est une nécessité.

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