Samaya x Mathieu Maynadier

ASCENSION DU MERU PAR SA FACE SUD

 

 
À la suite d’une première tentative d’ascension du Meru par sa face sud en 2019, Mathieu Maynadier retourne en Inde et réalise cet exploit 4 ans plus tard, en mai 2023, accompagné de Simon Gietl et Roger Schaeli. Pour Samaya, l’alpiniste revient sur le déroulé de son ascension, du camp de base au sommet de la voie, à plus de 6000 mètres d’altitude.
 
Comment as-tu appréhendé cette deuxième tentative ?
 
Mathieu Maynadier : Pour notre premier essai, on était arrivé début septembre et il s’était mis à neiger pendant 2 semaines. On n’a rien pu faire. Cette année, on est parti mi-avril. J’étais avec Simon Gietl et Roger Schaeli, avec lesquels je m’entends super bien. Normalement, c’est un coin très touristique jusqu'au camp de base, la trace est déjà faite. Là, on a dû faire plusieurs allers-retours pour tracer parce qu’il avait neigé juste avant qu’on n’arrive. C’était un peu pénible parce qu’on a eu beaucoup d'instabilité. Il ne faisait pas très mauvais, mais jamais vraiment beau. Il neigeait tous les après-midis et on avait du mal à trouver le bon créneau. On a quand même réussi à s'acclimater sans trop se faire peur, sauf quand on s’est fait choper par l'orage. Il y en a de plus en plus en Himalaya, avec la foudre à 7000, ce qui est un peu nouveau et stressant.
 
Comment s'est déroulée l’ascension ?
 
MM : J’étais vraiment en forme pendant toute l’acclimatation, mais la nuit où on a finalement eu le créneau, je suis tombé malade. On a pris un jour de repos, ce qui était un peu stressant parce qu’on était en fin de fenêtre météo. J’avais un peu la responsabilité des autres et je ne voulais pas tout faire rater. On avait une super ambiance dans l’équipe et on voulait vraiment le faire ensemble. Notre caméraman m’a donné des médicaments et j’ai pu repartir le lendemain. Le sommet est à 6600, avec des pentes de neige de 300-400 mètres, puis un premier bastion rocheux, 200 mètres de pente mixte et un dernier bastion rocheux qu’on ne savait pas trop comment aborder. On a finalement passé les pentes de neige, et on est monté au premier bastion mixte où on pensait dormir. Comme il faisait beau et qu’on n’était pas mal, on a traversé tout le mixte. Roger s'est motivé malgré notre fatigue, il a fait une dernière longueur qui nous a amenés à un champignon sur lequel on a dormi. Au-dessus, il y avait un bastion, très court de longueur mais on le savait hyper raide, et d'en bas, on avait repéré des dalles, un gros toit avec de la neige collée dessous. Je suis parti dans la première longueur et finalement, à droite il y avait un tunnel sous le toit, par lequel on est passé. Il nous restait ensuite deux longueurs collectors et on est sorti.

 

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Pourquoi le nom « Goldfish » ?
 
MM : On a appelé cette voie comme ça par rapport à Shark’s Fin, la voie sur le Meru central. On a essayé d'être super honnêtes sur toutes les cotations. On a coté M6+, mais un vrai M6+. Ce n’est pas du M4 coté M6 parce que c'est à 6000. C’est un débat, mais j'essaie d'être hyper rigoureux sur les cotations. Quoi qu’il en soit, c’étaient des pures longueurs, de la super grimpe.
 
©Photographies réalisées par Daniel Hug (@terragraphy)

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