Samaya x Kilian Moni

PREMIÈRE RÉPÉTITION DE CŒUR DE GÉANT

 

 
Après la première ouverture de Cœur de Géant en 2014 par Jonathan Charlet, Christopher Baud et Brice Bouillanne, celle-ci n’avait jamais été répétée. En juin 2023, Kilian Moni, accompagné d’Arthur Poindefert et Mathis Garayt, ont effectué avec brio la première répétition de cette voie. Kilian nous livre le récit de leur expédition.
 
Alors que personne n’était retourné faire Cœur de Géant depuis son ouverture, qu’est-ce qui vous a poussé à y aller ?
 
Kilian Moni : Avec Arthur, mon compagnon de cordée, on a trouvé cette ligne magnifique qui n’avait été réalisée qu’une fois et sur laquelle on ne trouvait aucune information sur le net, rien du tout, ce qui nous a tout de suite attirés. On est entrés en contact avec les trois ouvreurs qui nous ont promis du mixte magnifique et qui ont fini de nous convaincre d’y aller !
 
Comment s’est déroulée votre ascension ?
 
KM : On n’a pas fait exactement la même approche que lors de l’ouverture, parce que le glacier avait bougé entre-temps. On est passés par un petit couloir de neige, beaucoup plus à droite que les ouvreurs. En arrivant au pied de la face, on ne savait pas trop par où passer. Le glacier avait beaucoup diminué et reculé, ce qui nous rajoutait une première longueur vraiment difficile. On a opté pour une petite variante en 5c afin d’éviter cette difficulté et on a débouché sur une goulotte magnifique de 150 mètres de haut, dans laquelle on a fait 3 longueurs sur de la glace et de la neige parfaites. Ça déroulait trop bien, surtout pour juin ! On est ensuite partis en traversée dans une voie qui fait environ 580 mètres et qui cote ED, M6+/M7, 4+ en glace et 5c en escalade.

 

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Après cette traversée, vous avez dû passer par une zone plus exposée. Comment avez-vous appréhendé ce moment ?
 
KM : Effectivement, on est ensuite arrivés sur une fissure d’environ 40 cm de large, cotée M6+7, dans laquelle Arthur se sentait de commencer. Après la fissure, on s’est retrouvés avec une zone de cailloux complètement délitée juste au-dessus de nous. On suppose qu’il y a eu un éboulement, donc on l’a contourné pour passer par un petit dièdre, avec un caillou superbe, un fil de glace tout au fond et énormément de gaz. On a pu récupérer l’arête nord, sur laquelle on a trouvé beaucoup de neige et de glace et qu’on a dû faire en crampons. A ce moment-là, il nous restait 4 longueurs d’anthologie. Sur le fil de l'arête, on a 500 mètres de gaz sur la gauche, tout le prolongement de la vallée, la mer de glace à droite, le Mont Blanc en fond derrière, on est tout seul à se faire plaisir dans les fissures. Puis on est arrivés à la dernière longueur, avec un pas de bloc vraiment plus dur. Je l’ai passé en artif parce que je commençais à avoir mal à la tête, je n’étais pas très bien acclimaté. Mathis est passé en premier mais a chuté sur Arthur qui se trouvait juste en dessous et lui a transpercé la main avec ses crampons. Il a été chanceux finalement, car aucun tendon ou os n’a été touché, mais c’était une belle frayeur.
 
Vous avez pu clore cette belle ascension par un bivouac en altitude. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
 
KM : Arrivés là-haut, on était super contents de préparer notre bivouac et de dormir dans nos Samaya NANO BIVY, face à un coucher de soleil magnifique. Comparé aux ouvreurs, on a bénéficié de conditions vraiment meilleures. On a eu beaucoup plus de glace, de neige, ce qui nous a permis de mettre 6h30, alors qu’eux avaient mis plus de 10h. En tout cas, les ouvreurs étaient super contents qu’on soit retournés dans leur voie et qu’elle ne tombe pas dans l’oubli.

 

 
 
©Photographies réalisées par Arthur Poindefert (@arthur_poindefert)

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