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SAMAYA x NOURIA NEWMAN

TRIPLE CROWN NEPALAIS

 

 
En décembre 2023, Nouria Newman et ses acolytes kayakistes Sergueï Ilin et Kristof Stursa se sont rendus au Népal, afin de descendre trois rivières mythiques. Nouria nous retrace leurs voyages en bus, les rencontres inattendues et les eaux tumultueuses népalaises.
 
« L'idée était d'aller au Népal pendant l’automne pour descendre les rivières considérées comme grandes classiques : Thuli Bheri, Karnali et la Dudh Kosi. Cette dernière est la seule que j’avais déjà partiellement descendue en packraft l'automne précédent.
 
Avec les copains russe Sergueï et autrichien Christophe, on voulait préciser notre idée de la morphologie des rivières, des profils de dénivelé en fonction des débits et des bassins versants. Pour moi, il s’agissait de connaître ces rivières clés, avant de potentiellement aller découvrir de nouvelles choses.
 
En trio, on a pu faire Thuli Bheri et Karnali, puis j’ai fait la Dudh Kosi en solo. C’est une belle trilogie népalaise, qu’on appelle « Triple Crown » dans le monde du kayak, en référence aux pionniers qui ont établi la première triplette en Colombie britannique et en Alaska avec les descentes mythiques de Stikine, Susitna et Alsek.

 

 
C'est toujours difficile de choisir quelles rivières on va faire. Disons que les deux premières étaient évidentes. Thuli Bheri est la plus belle à naviguer, sûrement la moins dure des trois mais la plus qualitative. C’est 5 jours vraiment continus d’une grande beauté. Karnali descend du Mont Caillage au Tibet et a une grande importance. Dudh Kosi est connue comme étant l’impitoyable rivière de l’Everest, les générations précédentes de kayakistes ayant tenté de la « conquérir » en débutant de la plus haute altitude et en libérant des canyons impensables... Le topo des années 1990 la décrit comme un canal infesté de roches, de mauvais cailloux avec des rapides pourris. Je voulais redorer l’image de cette rivière, en faisant la section la plus praticable et la plus sympa.
 
Historiquement, c’est intéressant, c’est un bel endroit et c’est assez fou. Le contraste entre le haut de cette rivière dans le Kombu, avec tous les pratiquants de trekking, zone complètement sur-fréquentée, puis la descente de la rivière où il n’y a plus personne, où tout est sauvage et où tu ne peux pas te ravitailler quand tu le souhaites.

 

 
Outre la trilogie, on s’est imposés la contrainte de la réaliser de la manière la plus propre possible. Au lieu de prendre l’avion, on a tout fait en bus. Ça nous permettait de mieux découvrir le pays, à un rythme plus lent. Les transports en commun, c'est toujours un peu marrant, parce que tu galères. Il y aura toujours un bus, mais tu ne sais pas quand il part et pas non plus quand il arrive. Parfois, le trajet prendra un ou deux jours de plus. Parfois, le chauffeur va arrêter le bus à un endroit et décréter que l’on dort tous ici. On a vécu des choses assez incroyables : en France quand les gens jettent des sacs plastiques par la fenêtre, t’es dégoûté. ici quand les Népalais vomissent dans leur sac plastique et qu'ils le jettent par la fenêtre, t'es très content que ce ne soit pas sur tes pieds. On s’est retrouvés à avoir des bébés dans les bras, des poulets sur les genoux. C'était assez drôle et à la fois très inconfortable. Le trajet nous a plus fatigués que les journées sur l'eau en kayak.

 

 
Une fois le voyage en bus terminé, nous pensions retrouver un peu de calme en nous éloignant de la foule, mais nous avons été surpris de croiser autant de monde en descendant Thuli Bheri et Karnali.
 
On a réussi à enchaîner les deux premières rivières sans encombre, heureux de pagayer dans des rapides aussi beaux et au cœur de paysages spectaculaires. Souvent, on se retrouvait à proximité de villages et on se retrouvait rapidement avec tous les habitants qui nous rendaient visite. C'était à la fois génial parce que les jeunes étaient attirés et intrigués par les kayaks, mais à la fois assez compliqué parce qu’on n’avait que très peu de moment de tranquillité et donc de repos.

 

 
Une fois les deux premières rivières réalisées, on est repassés par Katmandou et je me suis laissée deux, trois jours de répit et de repos avant de poursuivre avec ma descente de la Dudh Kosi en solo. Malgré sa renommée entachée, je l’ai adorée ! Avec un tronçon plus délicat entre Basa et Waku, la descente était plus engagée et dans un style se rapprochant de l’expédition, plus que pour les deux précédentes rivières. Cette fois-ci, j’avais regardé les images satellites, les cartes en amont pour pouvoir aller bivouaquer dans des zones de canyons isolées et tranquilles, sous le TARP Samaya. J’ai pu apprécier le calme des lieux et compléter cette « Triple Crown » comme je le souhaitais. »
 
©Photographies réalisées par Kristof Stursa

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