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SAMAYA x ANTOINE GIRARD

EXPEDITION PERILLEUSE EN COMBO PARAPENTE-ALPINISME AU PAKISTAN

 

 
Antoine Girard, parapentiste et alpiniste habitué des grands sommets, s’est rendu au Pakistan en mai 2023 pour réaliser des combos ski-parapente sur des sommets à plus de 7000 mètres d’altitude. Les conditions météorologiques ont rendu les tentatives difficiles, mais n’ont pas empêché Antoine d’essayer.
 
« Pourquoi je l'ai fait ?
 
Depuis pas mal d'années, je combine le parapente et l'alpinisme, c'est-à-dire atteindre les montagnes avec le parapente pour pouvoir grimper ensuite. Ça fait des années que j’y travaille. On est partis réaliser ces combos en posant en parapente à plus de 6000 mètres, puis en redescendant à skis jusqu’à la fin de la neige, pour ensuite redécoller en parapente pour rentrer. C'est vraiment pour montrer que le téléphérique peut être remplacé par le parapente.
 
Partir là-bas, c’était aussi pour confirmer ces combos sur des 7000 mètres. Ce qui était très compliqué au vu des conditions météorologiques. La météo au Pakistan était désastreuse cette année. Il fallait donc jongler avec cet élément. Une année « classique » au Pakistan voit la neige commencer aux environs de 5500 mètres. Cette année, on avait de la neige à 4000 mètres. C’était une lutte assez longue pour trouver les créneaux favorables pour tenter les 7000 mètres.

 

 
Le dernier jour de la fenêtre, je suis seul à y croire. Je pars en solo en direction du Diran qui s’élève à 7266 mètres. Le mauvais temps annoncé pour le lendemain me pousse à tenter le sommet dans la journée. Après m’être posé à 6700 mètres en parapente, je m’équipe de skis de randonnée pour gravir les 500 mètres restant, laissant mon parapente et le bivouac derrière moi. Sur les 100 derniers mètres, je suis obligé d’abandonner les skis, pour terminer l’ascension avec mes piolets et crampons et de la neige jusqu’à mi-cuisse, tant la pente était raide.
 
J’arrive en haut avec la tombée de la nuit. Je profite d’un moment de suspension dans le temps avec des couleurs rouge pourpre sublimes.
 
A ce moment-là, je ne pouvais pas rester dormir là-haut parce que je n’étais pas suffisamment acclimaté. J’ai dû redescendre de nuit sur une voie que je ne connaissais pas. Ça devient une lutte pour ma survie. J’arrive au milieu de la nuit à 6400 mètres où j’établis mon bivouac. Je sais que l’orage arrive tôt le lendemain, et m’empêchera de décoller.
 
Au matin, j’essuie une tempête de vent. Je suis forcé de continuer ma descente vers les 6100 mètres, qui devient très engagée en raison du terrain crevassé, des pentes raides et du fait que je suis seul.
 
Malgré mes précautions, un pont de neige cède sous mes pieds et je disparais au fond d’une crevasse. La remontée est extrêmement difficile avec mon sac de 30kg sur le dos. Je mets plus d’une heure à sortir.
 
Je finis par rejoindre un décollage à 6000 mètres où le vent se calme, ce qui me permet de m’échapper. Il commençait à neiger, j’ai mis 10 minutes pour décoller, puis je suis rentré en quelques minutes supplémentaires pour parcourir les 20 kilomètres de descente en laissant l’orage derrière moi.
 
Mon ressenti est contrasté. D’un côté, je suis heureux de cette réussite et du moment de pure beauté vécu au sommet. D’un autre côté, l’engagement que cette ascension a nécessité était trop fort. Le fait que j’y sois allé seul, la quantité de neige, les conditions météo et mon manque d’acclimatation sont tout autant d’éléments qui ont participé à rendre cette expédition périlleuse, transformant une belle descente en fuite en avant pour essayer de survivre.
 
Je suis pressé de pouvoir y retourner, pour refaire cette sortie et pouvoir tenter de voler au-dessus du K2, avec une météo favorable, un bon timing et un vrai sentiment de réussite. »

 

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