SAMAYA x PHILIPP BRUGGER

TENTATIVE AVORTÉE AU LUPGHAR SAR

 

 
Le 27 mai 2022, Philipp Brugger, Tomas Franchini et Lukas Waldner ont réalisé la première ascension du Shaue Sar à 6653 mètres d’altitude. La vallée de Shimshal est une région très sauvage, isolée avec de grands glaciers et beaucoup de séracs. L’exploration y est rare et difficile, très peu d’alpinistes s’y rendant. En juin 2023, Philipp, Tomas et Lukas s’y sont rendus à nouveau pour tenter des sommets inexplorés.
 
« L’année dernière, avec Tomas et Lukas, nous nous sommes rendus dans la vallée du Shimshal pour tenter la première ascension du Shaue Sar à 6653 mètres d’altitude. Après avoir atteint le camp de base avancé à 4600 mètres, nous nous sommes lancés en direction de la face Nord, longue de 2000 mètres, avec de la glace à environ 85 degrés. Nous avons réalisé l’ascension d'une traite.
 
Nous avions imaginé grimper dix heures pour atteindre le sommet et six heures pour redescendre. C'était plus ou moins comme dans les Alpes, en style alpin, sauf qu’il s’agissait d’un grand sommet de 6000 mètres. Nous avons eu beaucoup de chance et étions très heureux de réussir cette ascension, car le temps n'était pas idéal.
 
Cette année, nous avons réalisé à quel point nous avions eu de la chance l'année dernière.
 
Nous avions repéré d’autres sommets plus profonds dans la vallée, plus élevés, plus sauvages et plus difficiles. Les possibilités étaient multiples, avec au moins cinq sommets de 7000 mètres. Nous savions que nous allions avoir besoin de beaucoup de chance, car les zones sont sauvages et remplies de séracs, rendant les tentatives très dangereuses. Mais nous pensions que c'était possible. C'est pourquoi nous y sommes retournés cette année.

 

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Nous sommes arrivés au camp de base en juin, pensant pouvoir tenter l’ascension début juillet. Malheureusement, la montagne était recouverte d’un épais manteau de neige, bien plus important que les années précédentes. Les conditions météorologiques ne se sont pas améliorées au fil des jours.
 
Notre objectif était le magnifique Lupghar Sar à 7200 mètres. Nous voulions gravir la face est, longue de 2400 mètres. Arrivés au pied de la face, nous avons établi un camp avancé. Nous avons réalisé notre acclimatation sur le sommet voisin à 6000 mètres, puis nous nous sommes rendu compte que l’ascension était impossible. Nous sommes redescendus et avons tenté la face sud. Malgré notre abnégation, rien n’était en condition. Nous étions arrivés trop tôt dans la saison.
 
Nous n’avons rien pu faire.
 
Un ami est tombé dans une crevasse, se coupant légèrement la main avec la corde. Au vu de ses besoins d'antibiotiques et des prévisions météorologiques, nous avons décidé de rentrer chez nous plus de deux semaines plus tôt.

 

 
Généralement, l'échec n'est pas un gros problème. Ce qui est particulier et frustrant avec cette expédition, c’est que nous n’avons même pas eu la chance de pouvoir essayer. C’est très étrange comme sensation.
 
J’aurais du mal à décrire ce sentiment. Dans le cas où l’on réalise une bonne tentative, que l’on a tout donné et que malgré tous ces efforts, il s’avère que l’ascension est impossible, on fait demi-tour, mais on a quand même réalisé une bonne journée.
 
Quand nous étions là-bas, nous nous sommes promenés sur un glacier en nous rendant compte jour après jour que tout était trop dangereux, avec trop de neige.
 
En fin de compte, nous avons fait beaucoup d'efforts pour explorer cela, et nous devrions faire une autre tentative, mais pas l'année prochaine, peut-être dans deux ans. Je pense qu'avec tout ce travail, tout le temps que nous avons investi dans ce projet, nous devrions y retourner un jour. »

 

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