Les chroniques de l'instant [1/3]

 

Chez Samaya, nous croyons beaucoup à la force du récit. Il inspire nos choix de sorties, d’ascensions, de bivouacs, de voyages et finit indirectement par changer nos vies. En cette fin d’année atypique, alors que le froid s’invite et que la neige scintille, un tout autre rapport à la montagne se profile. Nous avons à cœur de partager avec vous cette vision nouvelle de la montagne au travers d’une série de chroniques. Laissez-vous guider pour vous réapproprier l’instant présent en regardant vers le haut, vers cet endroit qui nous plaît tant, vers ce lieu unique où le sol s’arrête pour rencontrer le ciel étoilé.

CHAPITRE 1 : EN RÊVER

Une des particularités de l’alpinisme, c’est le rêve qui précède l’action.
Comme le disait Gaston Rébuffat : « L’alpiniste est un homme qui conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé. ». Cette citation est inspirante et se transpose à tous les passionnés en recherche de reconnexion avec la nature. Elle nous invite à lever la tête et à aller vers ce qui nous fait rêver.

Mais que se passe-t-il entre la lecture d’un récit, la contemplation d’une montagne et le moment où l’on se retrouve en ces lieux si chers, si désirés, à préparer minutieusement une plateforme pour y établir notre abri le temps d’une ou plusieurs nuits ?

Même la plus grande des réalisations hivernales naît d’un désir, qui mûrit pour se transformer en projet, en actes et finalement après un certain temps en destinée.

Cette genèse du rêve à sa réalisation se révèle souvent très personnelle et constitue à elle seule une ascension. Le cheminement qui sépare ce rêve de son accomplissement n’est pas sans effort. Celui-ci nécessite de la passion, de la volonté et de fait de la préparation avec un équipement adapté.

Si du désir au projet il n’y a qu’un pas, encore faut-il le franchir.

Si elle est éminemment attirante et envoûtante en cette saison, la montagne peut également se révéler inhospitalière. La préparation est ainsi déterminante et passe aussi par une excellente connaissance de soi, tant physiquement que mentalement.

L’écrivain et philosophe Gustave Thibon rappelait à loisir qu’« être dans le vent est une ambition de feuille morte ». Pour vivre pleinement son ascension, il est fondamental de la rêver pour soi, plutôt que de répondre à des attentes et des motivations qui ne sont pas les siennes. C’est là que l’origine intime du projet prend tout son sens : ancrée au fond de chaque passionné, expérimenté ou non, elle lui donne la puissance intérieure pour franchir ce pas entre le rêve et l’action. Le temps passé au milieu de ces cathédrales naturelles s’étire alors.

Le plus beau des récits d’aventure ne remplacera jamais l’expérience d’une interaction intense avec la nature et il n’est jamais trop tard pour franchir le pas. Un projet d’itinérance porté par la puissance d’un rêve en fait un voyage initiatique. Ce que l’on garde en soi en redescendant est un bien infiniment précieux et le bénéfice personnel associé n’est pas nécessairement proportionnel au niveau d’engagement.

Si par ces quelques lignes, nous pouvons vous donner la confiance et l’envie de raviver de vieux rêves quels qu’ils soient et de les transformer en projets, alors – quoi qu’on en dise – cette fin d’année sera bien celle de l’instant.

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